Pour une dématérialisation intégrale des procédures de passation de la commande publique, l’ARCOP envisage de mettre en place un Système de dématérialisation intégrale (eGP) conforme à l’état de l’art et adapté au contexte spécifique sénégalais. Afin d’aider le Sénégal dans cet objectif, la Banque mondiale a mis à la disposition de l’autorité un expert eGP pour appuyer l’ARCOP, qui sera chargé d’aider à la mise en place du nouveau système de dématérialisation en définissant les spécifications fonctionnelles, en mettant en place des outils et des mécanismes adaptés, en assurant la formation des membres du comité de pilotage du projet et en proposant un plan de communication pertinent pour faciliter la conduite du changement et l’appropriation de l’outil par les différents acteurs (responsables de marchés, membres des commission des marchés et des cellules de passation de marchés, autorités compétentes pour l’approbation des contrats, candidats aux marchés publics, société civile…). Pierre LIGER, expert egov, egp – directeur de programme, a accordé une interview à la CCRP de l’ARCOP
Quelles sont les conditions pour qu’un pays comme le Sénégal puisse réussir un projet de dématérialisation de la commande publique conforme aux standards internationaux ?
Il faut d’abord se baser sur les bonnes pratiques internationales. Il y ‘a des solutions éprouvées qui fonctionnent depuis plusieurs années. Il faut donc tirer profit de ces solutions informatiques, ce qui permet de gagner du temps. Nous préconisons de partir sur des exemples qui fonctionnent normalement dans d’autres pays. Ceci permettra au Sénégal de rattraper son retard parce qu’il faut reconnaitre que l’initiative est assez peu déployée surtout sur la partie concernant la passation des marchés publics.
Est-ce que la rencontre avec les acteurs vous a permis d’orienter le Sénégal vers une solution optimale de dématérialisation ?
Il y’a d’abord le Code des marchés publics qui est bien fait. Il contient un certain nombre d’éléments qui permet de procéder à la dématérialisation. Les échanges que nous avons eu et qui ont été très constructifs nous permettent de voir précisément comment nous allons pouvoir adapter ces solutions qui existent, qui sont internationales, au contexte du Sénégal. Donc avec tous les participants à cet atelier, nous avons cette possibilité.
Par expérience, quelle solution semble être la plus optimale pour le Sénégal en termes de coût, de facilité de mise en œuvre et la conformité technologique ?
Si on prend un peu de recul et qu’on regarde comment ça marche, en Europe la dématérialisation est obligatoire. En Afrique c’est beaucoup plus émergent. Il y a quelques initiatives dans seulement quelques pays et qui fonctionnent très peu comme au Rwanda, le Bénin vient juste de démarrer, le Cameroun, la Mauritanie, le Congo sont au stade de la réflexion. Sur ces bases, on peut dire que le Sénégal n’est pas en retard. Maintenant pour ce qui est de la solution la plus optimale, il faut prendre, à mon avis, une solution qui a déjà intégré le français tout simplement, parce que le droit anglophone est quand même différent. Il y a des solutions qui fonctionnent mais il y ‘a un défit technique qui va être l’interfaçage avec les systèmes financiers notamment du Sénégal et c’est assez compliqué. Il y a aussi un défi humain, c’est la conduite du changement qui est compliqué parce que digitaliser ça fonctionne différemment, c’est d’avoir moins de documents et ça va changer la vie de beaucoup de monde. Donc s’il faut digitaliser dans toutes les administrations au Sénégal, il va falloir un gros travail.
A propos de l’Expert
Ingénieur Ecole Centrale (Engineering School) 1992, Master Spécialisé Ecole Supérieure de Commerce de Paris (Paris Business School) 1994, Pierre LIGER a été consultant ces 10 dernières années et a travaillé France, République Démocratique du Congo, Congo Brazzaville, Cameroun, Mali, Sénégal, Gabon, Togo, Niger, Bénin, Côte d’Ivoire, Maroc, Guinée Conakry. Il capitalise 25 ans d’expérience et est responsable des missions de services publics à l’international chez TNP. Il intervient directement sur les projets pour apporter son expertise sur les grands programmes digitaux auprès des ministères. Il est intervenu fréquemment en Afrique Subsaharienne et a opéré en République Démocratique du Congo sur le déploiement d’une solution E-GP pour le Gouvernement.