Après plus de 13 ans à la tête de l’Autorité en charge de la commande publique, Monsieur Saer NIANG a cédé le témoin à son successeur Dr Moustapha DJITTE. Il s’est dit rassuré de laisser sur place une institution qui demeurera forte grâce à ses personnels de qualité.

Le Directeur Général sortant, Monsieur Saer NIANG, a quitté l’Autorité de Régulation de la Commande Publique (ARCOP) la conscience tranquille, rassuré que son legs sera préservé par le personnel très compétent qu’il a laissé sur place. Lors de la cérémonie de passation de service avec son successeur le 28 octobre 2024, il est revenu sur le secret de l’Institution qui a su jusque-là rester forte malgré les hommes qui passent. “Un jour, confie-t-il, on organisait une session de formation pour la Cour suprême. Et à un moment donné, le président de la Cour qui était là m’a dit : mais comment tu as fait pour avoir ce personnel de qualité ? Je lui ai dit : il n’y a pas de mystère, ils sont tous recrutés par appel à candidature. Et pour tous les cas, après l’appel à candidature, on a saisi le Secrétariat Général de la Présidence pour une enquête de moralité.” Selon lui, cela assure deux choses : “On s’assure ainsi que techniquement ils sont compétents et humainement, personnellement, ils ont toutes les aptitudes pour réussir.” 

Après cette confidence, le président de la haute juridiction a salué la démarche qu’il a jugé comme étant le chemin de la réussite. Depuis lors, l’ARCOP n’a pas changé ses méthodes. Pour Saer NIANG, la qualité d’un bon manager c’est d’abord et avant tout de savoir choisir des collaborateurs compétents. Il déclare :  »Je me suis rappelé d’une phrase que j’avais lu dans un livre. Un grand manager avait dit à ses collaborateurs : quand je ne serai plus de ce monde, la seule chose qui me fera plaisir c’est que vous puissiez inscrire sur ma tombe que “c’est quelqu’un qui aimait s’accompagner de collaborateurs qui étaient plus intelligents que lui”. Ici, j’ai énormément appris de mes collaborateur’, dit-il humblement. Et d’ajouter : “Ce sont eux en réalité qui dirigeaient l’Institution ; j’étais derrière eux simplement ; et je suis très fier du travail accompli. Continuez à faire la même chose avec Moustapha DJITTE et l’Institution demeurera ce que Youssouph SAKHO nous avait légué”. Ce dernier, avec qui il a démarré l’aventure ARMP, n’a jamais cherché à être le grand manitou. “Il est parti en laissant une Institution forte, crédible, et avec l’aide de l’ensemble des Conseils de Régulation, nous avons veillé à maintenir le cap. Et c’est ça l’enjeu qui vous attend, pour aller encore plus loin avec Moustapha DJITTE”. 

HOMMAGES AU DG SORTANT SAER NIANG 

L’homme des grandes réformes

Dans son témoignage, le Colonel Mbareck DIOP qui a parlé au nom des membres du Conseil de Régulation est revenu sur les grandes réalisations de l’ère Saer NIANG. En sus du centre de formation de référence qu’est l’Institut de Régulation de la Commande Publique (IRCOP), il a salué l’acquisition d’un immeuble R+3 abritant la Direction de la Statistique et de la Documentation (DSD); la Cellule d’Enquête, d’Inspection et d’Instruction des Recours (CEIIR) ; et les membres de la Cellule d’Audit des marchés publics ; l’acquisition d’un appartement duplex à la cité Keur Gorgui abritant le Centre de Documentation et des archives de l’Institution qui reçoit beaucoup d’étudiants et doctorants qui s’intéressent à la commande publique….

En termes d’innovations, ajoute le Colonel DIOP représentant du secteur privé dans le Conseil de Régulation, Saer NIANG a aussi réussi à instaurer un bulletin des décisions annuelles qui commente les décisions du Comité de Règlement des Différends (CRD) ; l’introduction dans le giron de la commande publique des offres spontanées, des marchés clefs en main assortis de financement, des marchés GENIS; l’introduction des normes environnementales et la discrimination positive en faveur des femmes, des jeunes et des PME à travers la fixation de quotas et marchés réservés pour ces catégories…. Dans le même sillage, le membre du CR a magnifié l’introduction d’un plan stratégique de l’Institution, d’un statut propre du personnel de l’ARCOP, d’un ambitieux projet de dématérialisation des procédures de marchés publics avec le soutien technique de la Banque mondiale ; pour ne citer que quelques innovations et projets qui ont fait du Sénégal une référence dans le domaine des marchés publics au Sénégal. 

Des qualités humaines et professionnelles saluées par l’ensemble du personnel

“Gratitude et reconnaissance. » Ce sont les mots qui sont revenus le plus, lors de la cérémonie de passation de service, pour les adieux au désormais ancien Directeur Général de l’Autorité de Régulation de la Commande Publique (ARCOP). Au nom de l’ensemble du personnel, la Directrice des ressources humaines, de l’administration générale et de l’équipement, Mme LY, Khadijetou Dia, déclare :  »Monsieur Saer NIANG, doté d’une expertise avérée en management, a su, avec son ouverture d’esprit, son leadership et sa vision éclairée, consolider les acquis et contribuer à réaliser une série de réformes qui ont permis des avancées significatives sur le chemin de la transparence et de la bonne gouvernance dans le domaine de la commande publique au Sénégal. »

La représentante du personnel n’a pas manqué de lister les nombreuses réalisations de l’ancien DG. Parmi elles : la création d’un Institut de formation, l’harmonisation et la rationalisation du cadre juridique et institutionnel de la commande publique, la réforme du cadre juridique relatif aux contrats de partenariat public-privé (PPP) qui devrait favoriser une meilleure implication du privé national pour la réalisation, la prise en compte dans le nouveau Code des marchés publics des achats publics durables… `

Dans le même sillage, Mme DIA a parlé de la dématérialisation intégrale des procédures de passation de la commande publique (en phase de lancement et dont la mise en œuvre devrait permettre plus de célérité et de transparence dans le déroulement des procédure), l’élaboration d’un projet de mise en place de centrales d’achat pour optimiser encore d’avantage la dépense publique. Et la liste est loin d’être exhaustive. “Ces réformes majeures ont permis de faire du système de passation de notre pays une référence tant au niveau communautaire, continental qu’au niveau des instances internationales”, a-t-elle ajouté. 

REACTIONS

YOUSSOUPH SAKHO, ANCIEN DG

“Saer NIANG est l’actionnaire majoritaire de l’ARCOP”

Premier Directeur Général de l’ARCOP anciennement ARMP, Monsieur Youssouph SAKHO a aussi vanté les qualités exceptionnelles de son successeur à la tête de cette Institution. Pour lui, Saer est un manager hors-pair qui a su réaliser avec son équipe des performances exceptionnelles. “De 2011 -date de sa nomination dans un contexte difficile- à 2024, il a su bien tenir la maison et faire de l’ARCOP une institution de référence aussi bien au niveau régional qu’au niveau international. Le dernier virage a été la mise en œuvre des dernières réformes de la commande publique avec l’ARMP qui est devenue l’ARCOP”, soutient-il, non sans rappeler le défi qui attend son successeur, un autre membre de la famille dont il a salué les compétences et la probité. 

ABDOU AZIZ TALL, ANCIEN MINISTRE ANCIEN COLLABORATEUR 

“Après 42 ans de carrière, Saer fait partie du top 5 de mes meilleurs collaborateurs…”

A l’instar de ses prédécesseurs au présidium, l’ancien ministre Abdou Aziz TALL, un ami de longue date de Saer, n’a pas tari d’éloges pour le désormais ex patron de l’ARCOP avec qui il a travaillé notamment à la Loterie Nationale Sénégalaise (LONASE). Pour lui, Saer a été l’un de ses meilleurs collaborateurs dans l’Administration, après plus de 42 ans de carrière. “Durant cette carrière, j’ai occupé plusieurs fonctions, j’ai connu beaucoup de personnes, j’ai rencontré beaucoup de cadres. Je puis dire qu’au regard des caractéristiques qui font un bon collaborateur, à savoir l’intégrité, l’intelligence le dynamisme, et la loyauté, Saer fait partie des meilleurs cadres que j’ai connus en ces 42 ans de carrière”, témoigne l’ancien chef au Bureau Organisation et Méthode (BOM), ancien Directeur de cabinet et ancien ministre du Président Macky SALL. Il ajoute : “Si je devais faire une typologie, je dirais qu’il fait partie du top 5 des meilleurs agents avec lesquels j’ai travaillé. J’ajouterai à ces caractéristiques : la courtoisie, le sérieux, et surtout le respect de l’autre.” 

Les six grands chantiers du nouveau DG

Après avoir rendu un vibrant hommage à son prédécesseur Saer NINAG pour son travail remarquable à la tête de l’ARCOP, le nouveau Directeur Général, le Dr Moustapha DJITTE, est revenu sur les défis de l’heure autour desquelles il compte inscrire sa mandature.

Dans un macroéconomique difficile, souligne le nouveau patron de l’organe de régulation, la commande publique qui est devenue un véritable instrument de développement doit se réinventer pour relever les défis nouveaux qui se dressent sur son chemin. Parmi ces défis, il y a : la nécessité d’une meilleure implication du secteur privé national pour une réelle ‘’endogénéisation’’ de la commande publique. A ce sujet, soutient le Dr DJITTE, même si le droit sénégalais de la commande publique a aménagé de nombreux mécanismes incitatifs, “une réelle frilosité du secteur privé national reste encore visible. Le fonds de placement à risque, créé pour inciter à une épargne mobilisable dans le cadre du financement des projets de PPP, tarde toujours à produire ses premiers effets”, regrette-t-il, avant d’inviter à de larges concertations “pour construire des instruments innovants destinés à faciliter une mutualisation dynamique de leurs forces pour l’émergence de groupements économiques viables”.

Le deuxième grand défi tourne autour du “nécessaire encadrement des acquisitions classées secret-défense pour préserver les exigences liées à la défense du territoire national et à la protection des intérêts de l’Etat sans porter atteinte au principe d’une utilisation rationnelle des ressources publiques. Aussi énumère le nouveau DG : “l’optimisation des acquisitions publiques et le renforcement de la lisibilité pour le secteur privé qui commandent l’opérationnalisation des dispositions de notre cadre sur les centrales et groupement d’achat ; la nécessité de renforcer la transparence dans la mise en œuvre des procédures, ce qui requiert une dématérialisation effective et la réactivation d’un système moderne de détection des pratiques frauduleuses pouvant compromettre l’objectif de réalisation de projets inclusifs et durables. “Le mécanisme de la déclaration des bénéficiaires effectifs consacré par la loi PPP mérite d’être opérationnalisé en relation avec toutes les administrations concernées notamment les impôts et domaines et le secteur extractif”, a insisté le nouveau Directeur Général. 

En ce qui concerne le cinquième grand défi, Monsieur DJITTE a mis l’accent sur la redynamisation de l’appui-conseil dans l’accomplissement des missions de l’ARCOP qui doit, selon lui, anticiper sur les difficultés d’exécution des procédures. “Cette exigence trouve un intérêt renouvelé dans un contexte où le gouvernement entend accorder une place de premier ordre aux PPP dans la stratégie SENEGAL 2050. Par une démarche proactive, l’Institution pourra réussir une prise en charge précoce des situations conflictogènes et dans la foulée éviter les recours qui retardent inutilement la réalisation des projets publics”, a-t-il souligné. Enfin, pour ce qui est du sixième point de sa feuille de route, on note “la poursuite du processus de professionnalisation des acteurs en concevant des formations adaptées aux décideurs qui sont responsables en dernier ressort des choix auxquels les membres des organes de la commande publique cherchent à donner corps”.