
Une délégation de la Banque mondiale, chargée de la finalisation du rapport de clôture du programme d’appui budgétaire du cycle précédent, a effectué une mission au Sénégal cette semaine et a échangé avec l’ARCOP le jeudi 20 février. Parmi les objectifs évalués figurait l’accès des femmes à la commande publique, mesuré en pourcentage. Cette équipe, composée de Maria Elkhdari, économiste pays spécialisée en politiques économiques, et de Michael Evers, économiste à la Banque mondiale, a exploré les alternatives possibles en l’absence de mécanismes formels pour suivre cet indicateur. Les discussions avec l’ARCOP ont ainsi porté sur des indicateurs de substitution permettant d’évaluer la participation des femmes aux marchés publics.
Recevant la délégation, le DG de l’ARCOP a tenu à préciser que l’accès des femmes à la commande publique restait un enjeu majeur dans la promotion de l’égalité des chances et du développement économique inclusif. Avant de donné la parole à ses collaborateurs, le Dr Moustapha DJITTE a listé tous les mécanismes contenus dans le cadre juridique en faveur des femmes mais qui ne sont pas pour l’essentiel opérationnels.
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Prenant la parole, Mme Poulmery BA NIANG, Directrice de la formation et de l’appui technique (DFAT) a cité un rapport de référence qui met en lumière les principaux obstacles auxquels les femmes sont confrontées. Il s’agit entre autres du manque d’informations, de la complexité des procédures, de la défiance en leurs capacités et difficultés d’accès au financement. Face à ces réalités, plusieurs initiatives sont mises en place pour atténuer ces obstacles et encourager une plus grande participation des femmes aux marchés publics.
Les femmes évoluant dans le domaine de la commande publique se répartissent entre secteur formel et informel, précise Mme NIANG. Cependant, la majorité opère dans l’informel, ce qui rend leur recensement et leur accompagnement plus complexes. Les efforts conjoints de l’ARCOP et d’ONU Femmes ont ainsi priorisé les femmes du secteur formel, afin de leur offrir des formations et des outils pour naviguer plus efficacement dans les mécanismes de passation de marchés.
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L’importance de la formation a été mise en avant comme un levier essentiel pour permettre aux femmes de mieux comprendre et intégrer les processus de passation de marchés. Dans cette optique, renseigne M. Lamine SAMB chef de la division formation, des initiatives ont été lancées avec des objectifs quantifiables : former 450 femmes issues des PME et 200 fonctionnaires pour les sensibiliser aux enjeux liés à la commande publique. Toutefois, un défi persiste selon Mme NIANG et il porte sur le taux de déperdition post-formation. Ce taux reste élevé, principalement en raison du manque de confiance et des difficultés d’application concrète des compétences acquises. Elle ajoute : « Former les femmes ne suffit pas si un suivi n’est pas assuré. Combien de femmes formées soumissionnent effectivement aux marchés publics, et parmi elles, combien obtiennent des contrats et les exécutent avec succès ? Une meilleure traçabilité des parcours permettrait d’affiner les stratégies d’accompagnement et d’ajuster les actions en fonction des résultats observés.
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Au-delà des formations, il est nécessaire de mettre en place une stratégie plus large et inclusive pour toucher un plus grand nombre de femmes. Cela passe par une sensibilisation accrue, un accompagnement adapté à la réalité du terrain et une simplification des procédures pour encourager davantage de femmes à participer aux appels d’offres.
Dans cette dynamique, l’implication des chambres de commerce, des ministères et des agences publiques est essentielle pour développer des mécanismes facilitant l’accès des femmes aux opportunités économiques. L’objectif final reste inchangé : faire de la participation des femmes à la commande publique un véritable levier de lutte contre la pauvreté et de promotion d’une croissance équitable.
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L’échange a également permis d’approfondir la compréhension du rôle de l’ARCOP dans le cadre de programmes tels que le partenariat avec ONU Femmes et le projet We-Fi, ainsi que d’autres initiatives destinées à soutenir les femmes entrepreneures. Par ailleurs, la délégation de la Banque mondiale s’est intéressée aux perspectives de mise en place d’un dispositif de suivi spécifique à l’intégration du genre dans les marchés publics.