
Le 25 mars 2025, le Directeur général du Consortium sénégalais d’activités maritimes (COSAMA) et son équipe se sont rendus dans les locaux de l’Autorité de Régulation de la Commande Publique (ARCOP) pour une visite de courtoisie auprès du Directeur général, le Dr Moustapha DJITTE. Cette rencontre a également été l’occasion pour COSAMA d’exposer certaines difficultés liées à l’exécution de prestations urgentes et sensibles, tout en respectant les exigences strictes de la commande publique. Le Dr DJITTE a rappelé, dès l’ouverture des échanges, les dispositions réglementaires et juridiques en vigueur.
Cette réunion entre COSAMA et l’ARCOP témoigne de la volonté des acteurs impliqués d’améliorer la gestion du transport maritime au Sénégal. La modernisation de COSAMA constitue une étape essentielle pour garantir un service public performant et conforme aux normes internationales. Cette transformation, bien que complexe, demeure indispensable pour assurer la sécurité des passagers et la viabilité économique du secteur. L’implication des parties prenantes sera un facteur clé pour réussir cette transition vers une gestion plus efficace et durable du transport maritime sénégalais.
L’un des défis majeurs de COSAMA réside dans la gestion de sa flotte et de ses infrastructures. Trois problématiques principales ont été mises en avant par son Directeur général, le Cdt Malick FALL. La première concerne l’approvisionnement en pièces de rechange. Selon le Cdt FALL, « les moteurs des navires sont des équipements hautement spécialisés dont les composants doivent être certifiés et installés par des techniciens agréés. Par le passé, COSAMA collabore directement avec un constructeur pour l’acquisition et l’installation des pièces. Aujourd’hui, de nouvelles contraintes en matière de passation de marché rendent ce processus plus long et complexe ».
Le second enjeu porte sur la classification des navires. L’équipe de COSAMA explique que chaque embarcation doit se conformer aux normes définies par des organismes spécialisés, tels que le Bureau Veritas. Or, un changement de classification peut s’avérer nécessaire en cas de modification de propriété ou d’évolution des réglementations, ce qui entraîne des coûts supplémentaires et des délais administratifs accrus.
Enfin, le troisième défi concerne les réparations et les infrastructures de maintenance. Le Cdt Malick FALL souligne que COSAMA collabore avec un chantier naval local proposant des tarifs avantageux et une planification adaptée. Toutefois, certaines réparations majeures nécessitent une intervention à l’étranger, compliquant ainsi la logistique et augmentant les coûts d’exploitation.
Depuis 2024, COSAMA a engagé une refonte de ses statuts et un alignement sur les normes en vigueur, notamment en matière de gouvernance et de marchés publics. Cette réforme vise à renforcer la transparence et l’efficacité de la gestion du transport maritime. Pour cela, plusieurs initiatives ont été mises en place : des formations spécialisées pour le personnel sur les nouvelles réglementations, des exercices de simulation pour améliorer la réactivité en cas d’urgence et une révision de la stratégie d’approvisionnement afin de réduire les délais et garantir la continuité du service.

COSAMA a été fondée en 2008. La catastrophe du bateau Le Joola en 2002 a révélé de graves lacunes en matière de sécurité maritime, incitant l’Organisation Maritime Internationale (OMI) à formuler des recommandations strictes à l’État du Sénégal. Ces préconisations incluent, entre autres, la création d’une agence spécialisée en sécurité maritime et l’indépendance dans la gestion des lignes de transport. En réponse, l’État a opté pour un partenariat public-privé permettant aux investisseurs de financer le secteur. Toutefois, ce modèle s’est heurté à des limites, aussi bien financières que organisationnelles.
La compensation prévue initialement pour garantir l’équilibre financier du projet a pesé lourdement sur les finances publiques. Par ailleurs, les charges d’exploitation élevées ont maintenu un coût important du transport maritime, contraignant l’État à octroyer des subventions pour assurer l’accessibilité du service. Face à ces difficultés, des réformes profondes ont été entreprises afin de rendre COSAMA conforme aux règles de passation de la commande publique.
