
Dans le cadre de la transposition des nouvelles directives communautaires de l’UEMOA, le Directeur général de l’ARCOP, Dr Moustapha DJITTÉ, a reçu mercredi 21 mai 2025 une délégation de haut niveau conduite par Éric Patrick KY, Chef de division chargé de la réforme de la commande publique à la Commission de l’UEMOA. Cette rencontre, en présence des experts de l’ARCOP et de la DCMP, s’inscrit dans un moment charnière pour le Sénégal, engagé dans un vaste processus de modernisation de son système de commande publique. À l’ordre du jour, l’intégration des nouvelles normes communautaires, la promotion du secteur privé local et l’alignement des priorités nationales avec les réformes de seconde génération impulsées par l’UEMOA.

« Nous sommes gouvernés par une directive communautaire, ce qui signifie que le Sénégal ne peut introduire de mesures – même audacieuses et innovantes – sans cohérence avec ce cadre », a rappelé Dr Moustapha DJITTÉ. Pour autant, le Directeur général de l’ARCOP ne cache pas sa détermination. Selon lui la commande publique doit être un véritable levier de souveraineté économique. Il plaide notamment pour une intégration plus ambitieuse du secteur privé national dans les marchés publics. Aujourd’hui, sa participation reste marginale. Pour y remédier, Dr DJITTÉ propose d’instaurer des mécanismes contraignants pour les entreprises étrangères, les obligeant à s’associer à des entreprises locales dans le cadre de groupements ou de co-traitance. « Il faut inverser la tendance. Et pour cela, il faut oser. La commande publique peut et doit devenir un catalyseur de croissance pour nos entreprises locales.
La mission de l’UEMOA intervient également alors que le projet de nouvelle directive communautaire prévoit d’importantes innovations. Il s’agit de l’intégration des critères environnementaux et sociaux dans les appels d’offres, la promotion des PME locales, la dématérialisation complète des procédures ou encore l’achat public durable.

« Le Sénégal est résolument en phase avec ces réformes de seconde génération », a salué Éric Patrick KY. Il souligne notamment la forte baisse du taux de gré à gré, passé de 70 % en 2008 à moins de 5 % en 2023 – une performance exemplaire dans l’espace UEMOA.
Parmi les spécificités sénégalaises soulignées au cours des échanges, figure la volonté de centraliser davantage les procédures de commande publique pour une meilleure maîtrise, traçabilité et performance. Un projet de réforme est actuellement en cours de finalisation.
L’autre avancée notable portée par l’ARCOP est relative à l’évaluation systématique du système de commande publique, introduite sous l’impulsion du Dr DJITTÉ. « Regarder dans le rétroviseur est tout aussi important que d’avancer. C’est le seul moyen d’améliorer continuellement nos processus », a-t-il affirmé.
Pour Éric Patrick KY, la dynamique sénégalaise est exemplaire. « Le Sénégal a non seulement respecté les prescriptions communautaires, mais il anticipe, innove et propose. Ce sont des signaux forts pour l’ensemble de l’Union », dans un contexte où les enjeux économiques, environnementaux et sociaux se croisent, faisant que la commande publique devienne plus que jamais un levier stratégique.